Chocolat, Clown nègre
Texte de Gérard Noiriel, mise en scène de Marcel Bozonnet
Filmé le 23/03/2012
Description
Le premier clown noir de l’histoire, Chocolat, prend la parole pour raconter son aventure, celle d’un esclave devenu artiste de cirque. Il était temps de lui rendre l’hommage qu’il méritait.
Né esclave à Cuba, acheté par un riche Portugais qui l’amène en Europe, Rafael de Leïos, devenu Chocolat, deviendra célèbre après sa rencontre avec un clown anglais, Foottit, qui en fait son Auguste, sa victime préférée, son nègre stupide, « battu et content » comme on le présente dans les publicités. Marcel Bozonnet réunit quatre interprètes venus du cirque, du théâtre et de la danse pour reconstituer ludiquement, mais exactement, ce que fut la vie de cet incroyable artiste talentueux luttant contre les préjugés d’une époque qui découvre le monde noir à travers la colonisation de l’Afrique.
Chansons, poèmes, musique, danse, documents journalistiques, archives sonores et visuelles sont utilisés pour cette fresque- performance qui, à travers l’histoire de ce duo, rend aussi hommage au Nouveau Cirque qu’ils ont inventé. Au sommet de leur carrière ils ont inspiré des peintres comme Toulouse-Lautrec, des musiciens comme Debussy, des écrivains comme Samuel Beckett qui s’inspirera d’eux pour imaginer Pozzo et Lucky, les héros d’En attendant Godot. Mais de ce succès incroyable il ne restera rien à Chocolat, prisonnier de sa condition, tombé dans l’oubli et la misère.
Crédits
• Production : Walter films
Gérard Noiriel
CHOCOLAT CLOWN NEGRE
L'histoire oubliée du premier artiste noir de la scène
Bayard
2012
Présentation de l'éditeur
Jeune esclave cubain vendu à un marchand portugais, valet de ferme,
groom, puis mineur à Bilbao, Rafael arrive à Paris en 1886 et s'impose
rapidement comme artiste de cirque. Il fait rire les Français qui n'ont
jamais vu de Noirs en devenant Chocolat, « le clown nègre », l'auguste
battu par Foottit, le clown blanc. Ami de Toulouse-Lautrec, il devient
l'un des personnages les plus populaires de la scène parisienne. Mais
l'Affaire Dreyfus marque un coup d'arrêt dans sa carrière. Désormais le
clown nègre ne fait plus rire, et Chocolat devient encombrant. Rafael
meurt en 1917, dans la misère. Enterré dans le carré des indigents, il
n'aura pas sa place dans notre mémoire collective, et son rôle ne sera
jamais reconnu dans l'histoire du spectacle vivant. En retraçant
l'itinéraire exceptionnel d'un artiste qui fut aussi danseur, chanteur
et comédien, Gérard Noiriel s'interroge sur les raisons de son triomphe
et de son déclin, sur les stéréotypes d'une époque qui vit de manière
concomitante la naissance des actualités et de la publicité. Il décrit
les combats d'un homme qui sut défendre sa dignité en jouant sur les
préjugés de son temps et réhabilite ainsi celui qui a été
jusqu'aujourd'hui « chocolat » dans notre histoire nationale.
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