Claude Simon
Œuvres
II
Édition établie
par Alastair B. Duncan
Avec Bérénice Bonhomme
et David Zemmour
Bibliothèque de la Pléiade (n° 586)
Gallimard
2013
Ce volume contient
L'Herbe
- Histoire
- Les Corps conducteurs
- Leçon de choses
- Les Géorgiques
- L'Invitation
- L'Acacia
- Le Tramway
. Textes non publiés en volume du vivant de l'auteur : Archipel - Nord.
Appendices : Textes, plans et schémas de Claude Simon, relatifs à ses romans.
Présentation de l'éditeur
En 2001, la Pléiade propose à Claude Simon de publier un
volume de ses œuvres. Simon en établit lui-même le sommaire : du Vent (1957) au Jardin des Plantes
(1997), huit livres, quarante ans de création. Puis, jusqu’à sa mort en
2005, il aide à la préparation du volume, qui paraît en 2006.
Après
la disparition de Simon, son œuvre ne connaît pas de purgatoire. Sa
présence, au contraire, s'affirme. Des romanciers qui n’étaient pas nés à
«l’ère du soupçon» la lisent et la citent. On la traduit partout. À
l’heure où le «nouveau roman» n’émet plus, Simon est un écrivain vivant.
C’est ce dont la Pléiade prend acte, peu après la sortie du volume de
2006, en préparant une «suite» – qui n’en est pas une : ce tome II
rassemble les œuvres que Simon n’a pas retenues en 2001. À en examiner
le sommaire, on saisit que ce second wagon n’a rien d’un wagon de
seconde classe. Mais où chercher l’unité d’un tel ensemble?
Simon ne
s’est pas expliqué publiquement sur ses choix de 2001. Pour autant, il
n’est pas interdit de remarquer que, si des romans «à base de vécu»
(pour ne pas dire «autobiographiques») étaient présents dans sa
sélection, ceux qui étaient le plus visiblement fondés sur un matériau
familial avaient été écartés. La famille évoquée dans L’Herbe ressemble à celle des Simon. Histoire fait revivre des personnages proches des parents de l’auteur. Les Géorgiques
enchevêtre la vie de L.S.M., conventionnel et général d'Empire dont les
initiales sont celles d’un trisaïeul de Simon, à des épisodes vécus par
un volontaire étranger dans l’Espagne de 1936 et par un cavalier
français de 1940. Dans L'Acacia, un père meurt en 1914, comme celui de Simon, et un fils survit à la débâcle de 1940, comme Simon lui-même. Et Le Tramway,
où se rejoignent enfance et vieillesse, traverse une ville anonyme
semblable à celle où l’écrivain a passé ses premières années.
La
matière familiale irrigue donc tout le volume. Mais il y a plus. Peu à
peu, Simon renonce partiellement à «inventer» personnages et épisodes.
Il fait des recherches, exploite des archives. La fiction
progressivement s'efface. Des critiques trop pressés vont d’ailleurs s’y
tromper et qualifier d’«autobiographies» ces romans véritables, au
grand dam de l’auteur. Car ce qui est prodigieux chez Claude Simon, et
ce dont les livres ici rassemblés témoignent mieux que d’autres, c’est
qu'il abandonne la fiction sans renoncer au romanesque. «Montrer un
homme dans toute la vérité de sa nature» n’est pas son affaire. «Ces
éléments biographiques sont des prétextes, disait-il. Le texte est autre
chose.» Parallèle au nôtre sans jamais se confondre avec lui, à la fois
fragmentaire et cohérent, le monde qu’il crée «à base de vécu» a sa
vérité propre. Comme celui de Balzac.
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