L’Écrivain·e à la rencontre de son public. Enquête sur le public du festival. Les Correspondances de Manosque
Gisèle Sapiro (dir.)
Depuis
deux décennies, le terme de festival s’est répandu, à l’étranger comme
en France, pour désigner les rencontres publiques où les œuvres
littéraires sont lues, commentées et discutées par des spécialistes,
auteur·e·s, critiques, éditeurs, traducteurs. Cette forme de
médiatisation de la lecture s’est d’abord développée, en France, dans
les genres dits de paralittérature – c’est-à-dire situés aux marges de
l’institution littéraire –, comme la bande dessinée et le polar, pour
lesquels elle a constitué un mode de légitimation.
Si
les festivals suscitent une attention accrue, ceux consacrés à la
littérature sont encore très peu étudiés. Associée aux arts de la
performance (théâtre, musique) et aux arts visuels, la forme du
« festival » peut paraître incongrue s’agissant de la lecture, pratique
culturelle la plus solitaire qui soit. Pourtant, les réunions dédiées à
la lecture à voix haute et aux discussions sur la littérature ne
constituent pas un phénomène nouveau : des salons mondains aux
académies, puis aux cénacles d’initiés, tel que les mardis de Mallarmé,
elles demeuraient cependant confinées à la sphère privée et à une petite
frange de lettrés.
Fondé
en 1999, le festival Les Correspondances de Manosque est un des
premiers consacrés à la littérature. Dédié à la littérature française
contemporaine, il vise à la revaloriser dans un contexte où elle est
décriée sur la scène internationale. L’enquête sociologique menée lors
de l’édition 2011 du festival vise à explorer cette nouvelle forme de la
médiation culturelle dans le domaine de la lecture. La présente étude
propose une analyse des propriétés sociales des festivaliers et de leurs
pratiques du festival, en relation avec leurs autres pratiques
culturelles.
Gisèle SAPIRO
est directrice de recherche au CNRS et directrice d’études à l’EHESS.
Elle dirige le Centre européen de sociologie et de science politique.
Spécialiste de sociologie des intellectuels, de la littérature, de la
traduction et des échanges culturels internationaux, elle est notamment
l’auteure de La Guerre des écrivains, 1940-1953 (Fayard, 1999) et de La Responsabilité de l’écrivain. Littérature, droit et morale en France XIXe-XXIe siècle (Seuil 2011).
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