La Fabrique de l'Histoire par Emmanuel Laurentin, 14.02.2014
Jean-Yves Mollier
La mise au pas des écrivains
L'impossible mission de l'abbé Bethléem au XIXe siècle
Fayard
2014
Présentation de l'éditeur
L’abbé
Bethléem est surtout connu pour avoir publié en 1904 un brûlot, Romans à
lire et romans à proscrire, futur best-seller. Mais la force de frappe
de son magazine culturel, la Revue des Lectures, qui parvint à s’imposer
dans le paysage culturel de l’entre-deux guerres, l’est beaucoup moins.
Ce grand intellectuel catholique, soutenu par le Saint-Siège, fut la
bête noire des surréalistes qui refusaient ses oukases, et il n’hésita
pas non plus à s’attaquer à Gide ou à Mauriac. Après sa mort, il inspira
la loi du 16 juillet 1949 sur les publications pour la jeunesse qui
tenta d’empêcher les jeunes éditeurs Pauvert, Losfeld ou Tchou, de
publier Sade et les auteurs maintenus dans l’Enfer de la Bibliothèque
Nationale.
Jean-Yves Mollier raconte avec brio l’histoire de cet abbé chargé de mettre au pas les écrivains –y compris catholiques– au XXe siècle, et de les contraindre à respecter les lois relatives aux bonnes mœurs. Menacée dans ses certitudes et ses croyances à l’époque de l’Encyclopédie, l’Église souhaitait reconquérir les âmes perdues et traquer le Mal partout où il sévissait. L’abbé Bethléem s’attaqua au roman, au théâtre, à l’opéra, à la bande dessinée, à l’annonce publicitaire et enfin au maillot de bain féminin, pourtant bien loin du sulfureux bikini de l’après-Seconde Guerre mondiale. Fondé sur un important dépouillement d’archives et de journaux, cet ouvrage édifiant montre que la censure, présente encore au XXIe siècle, et refuge de tous les extrémismes, doit beaucoup à l’abbé Bethléem, et au-delà de sa forte personnalité, à l’Église catholique et à sa difficulté à laisser l’individu déterminer librement sa destinée.
Jean-Yves Mollier raconte avec brio l’histoire de cet abbé chargé de mettre au pas les écrivains –y compris catholiques– au XXe siècle, et de les contraindre à respecter les lois relatives aux bonnes mœurs. Menacée dans ses certitudes et ses croyances à l’époque de l’Encyclopédie, l’Église souhaitait reconquérir les âmes perdues et traquer le Mal partout où il sévissait. L’abbé Bethléem s’attaqua au roman, au théâtre, à l’opéra, à la bande dessinée, à l’annonce publicitaire et enfin au maillot de bain féminin, pourtant bien loin du sulfureux bikini de l’après-Seconde Guerre mondiale. Fondé sur un important dépouillement d’archives et de journaux, cet ouvrage édifiant montre que la censure, présente encore au XXIe siècle, et refuge de tous les extrémismes, doit beaucoup à l’abbé Bethléem, et au-delà de sa forte personnalité, à l’Église catholique et à sa difficulté à laisser l’individu déterminer librement sa destinée.
Spécialiste
de l’histoire des livres et des médias, auteur de nombreux ouvrages,
Jean-Yves Mollier a publié notamment Pierre Larousse et son temps (avec
Pascal Ory, Larousse, 1995), Louis Hachette (1800-1864). Le fondateur
d’un empire (Fayard, 1999) et Edition, presse et pouvoir en France au
XXe siècle (Fayard, 2008).
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